Pour un vrai budget européen, solution à la crise : (1ère partie)

Publié le par PNC Ghjuventù

Les 22 et 23 novembre prochains se tiendra, à Bruxelles, un Conseil européen exceptionnel afin de trouver un accord pour le prochain budget européen pluriannuel 2014-2020, aussi appelé Cadre Financier Pluriannuel ou CFP. L’avenir de l’Europe y est en jeu, ni plus ni moins.

 

‘‘I want my money back…’’

ThatcherRexNilsJorgensen460Cette expression qui signifie ‘‘Je veux mon argent’’ a été utilisée et popularisée par Margaret Thatcher en 1984, lors du Conseil européen de Fontainebleau qui fut le lieu d’une négociation dont, seuls, les chefs d’Etat et de gouvernement ont le secret. Long, ennuyeux et non constructif, ce sommet de 1984 a accouché de ce que les Européens ont fait de moins… européen, et ce depuis le début de la construction européenne.

Cette approche égoïste et souverainiste du ‘‘juste-retour’’ est aux antipodes de l’esprit de solidarité européen et qui est malheureusement devenu le principe de base de chaque négociation budgétaire européenne. Ainsi, les ‘‘Etats contributeurs’’ : ceux qui ‘‘versent’’ plus qu’ils ne ‘‘reçoivent’’ du budget communautaire, veulent sans cesse diminuer cette contribution en réduisant le budget communautaire pour tous ou pire, comme les Britanniques, demandent que leurs seules contributions soient revues à la baisse et que l’ensemble des autres pays payent cette contribution.

Face à ce camp des « radins », il y a le camp des pauvres : les ‘‘Etats bénéficiaires’’, ceux qui ‘‘reçoivent’’ plus qu’ils ne ‘‘versent’’, qui essayent de faire payer le plus possible les pays riches en espérant profiter de cette manne pour se développer et atteindre les standards de vie des radins.

 

Traité : violé dans l’esprit……

Cette approche du ‘‘juste-retour’’ est une violation complète de l’esprit du traité qui institue une solidarité au sein de l’Union européenne. De plus, cela occulte totalement la réalité économique. En réalité, les pays ‘‘contributeurs’’ bénéficient largement de l’élévation du niveau de vie et de la croissance économique des pays ‘‘bénéficiaires’’.

Qui achète les machines/outils, fleurons de l’industrie exportatrice allemande, si ce n’est les pays de l’Europe centrale et orientale, afin de mettre en place une économie industrielle laissée à l’abandon après l’ère soviétique ? Qui bénéficie le plus de la croissance économique continue de la Pologne, si ce n’est les pays voisins, l’Allemagne en tête ? La réalité est criante : même en temps de crise (de 2008 à 2012), la Pologne n’a pas connu la récession une seule année, grâce aux fonds structurels européens et ce, de l’aveu même du gouvernement polonais! Les ‘‘contributeurs’’ bénéficient donc tout autant, voire même plus, du budget communautaire que les dits ‘‘bénéficiaires’’.

 

…..violé dans la lettre

Traite-LisbonneEn plus de mentir sur la réalité économique, afin de défendre des intérêts égoïstes et nationaux, ces Etats membres violent et continuent de vouloir violer les traités qu’ils ont eux-mêmes signés à l’unanimité! Le traité de Lisbonne, article 310, stipule que le budget européen doit être financé par des ressources propres, autrement dit : il doit être instauré des ressources qui doivent financer le budget européen directement et ainsi éviter que les Etats fassent des chèques directement à l’Ordre de l’Union européenne. Aujourd’hui, 85% du budget communautaire est financé par ces chèques des trésoreries nationales. Et qui s’oppose le plus à la création de ressources propres européennes qui pourraient alléger la facture dans les budgets nationaux ? Les mêmes qui refusent de payer : les radins ! Pourquoi ? Parce que leur pouvoir est bien là ! S’ils ne payaient pas directement, ils ne pourraient imposer leurs vues et décisions sur le budget communautaire ! Mais, en refusant de créer des ressources propres, ces Etats violent volontairement et délibérément les traités européens.

 

Il est donc temps de mettre fin à cette approche du ‘‘juste-retour’’ qui tue l’idée même d’Europe et qui est porté, aujourd’hui, par des pays comme l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, la Suède, le Danemark, la Finlande ou l’Autriche. Il est aussi temps de mettre en place de vraies ressources propres pour le budget communautaire comme la Taxe sur les Transactions Financières, proposition faite par la Commission européenne et soutenue par le Parlement européen.

 

Roccu GAROBY

Publié dans Auropa

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