Une Europe à plusieurs vitesses

Publié le par PNC Ghjuventù

Depuis le début de la construction européenne, le débat sur une Europe à plusieurs vitesses est un serpent de mer pour les leaders européens, qu’aucun ne sait vraiment gérer. Pourtant, depuis peu, il semblerait que l’idée soit au moins intellectuellement actée.

 

Qu’est ce que l’Europe à plusieurs vitesses ?

L’Union européenne n’est pas un seul et unique ordre juridique qui s’applique à tous les Etats membres de l’Union. Il y a différents cercles, comme le montre le schéma. Par exemple, l’espace Schengen, espace dans lequel la libre circulation des hommes, des biens, des capitaux et des services est assurée, n’est partagé que par 22 des 27 Etats de l’Union, le Royaume-Uni et l’Irlande ayant négocié une exception pour leur pays, la Bulgarie et la Roumanie devant encore améliorer les capacités de contrôles à leurs frontières pour intégrer l’espace Schengen et Chypre, du fait de la partition de l’île, n’intégrera l’espace Schengen que plus tard.

Un autre exemple : l’Euro est la monnaie de 17 des 27 Etats de l’Union. En effet, 8 Etats doivent d’abord respecter les critères économiques pour intégrer la zone euro alors que 2 autres (le Royaume uni et le Danemark) ont demandé, avant la mise en place de l’Euro, une exemption pour conserver leur monnaie.

Cet enchevêtrement de cercles est vu, à juste titre, par les citoyens comme extrêmement complexe. La complexité de l’Europe est d’abord et aussi due à la construction européenne qui se base sur le principe du volontariat des Etats couplée à l’histoire du vieux continent.

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Un phénomène nouveau ?

En réalité, l’Europe à plusieurs vitesses est une réalité depuis toujours, mais c’est la forme qui a changé. Lorsque l’Europe était coupée en deux par le rideau de fer, il y avait bien plusieurs vitesses entre d’un côté, les Etats qui étaient à l’est du mur, sous régime communiste, et qui ont encore aujourd’hui un retard économique important par rapport à l’ouest et ceux qui, à l’ouest du mur, étaient divisés en trois ensembles : les membres fondateurs de la Communauté Economique Européenne CEE (les 6 pays fondateurs de l’Union Européenne), les membres de l’Alliance Européenne de Libre Echange AELE (les pays scandinaves, britanniques et irlandais) et enfin les dictatures méditerranéennes.

Autrement dit, l’Europe à plusieurs vitesses est une réalité historique qui devait disparaître avec l’adhésion de tous ces pays au sein de l’Union ; du moins, c’est ce qu’espéraient les pères fondateurs et les europhiles.

Force est de constater qu’aujourd’hui, l’unanimité,, requise à la prise de décisions politiquement importantes, paralyse l’Union tout entière en faisant avancer le convoi à la vitesse du plus conservateur des gouvernements, quand celui-ci veut bien avancer !

 

Vers une Europe à 2 vitesses

 La théorie de l’Europe à 2 vitesses a été longtemps combattue par les forces pro-européennes qui y voyaient un risque de cassure et de déchirure au sein même de l’Union, alors que le projet européen a toujours été conçu pour rapprocher les peuples du vieux continent. Mais depuis quelques mois, le farouche euroscepticisme de certains chefs de gouvernement, le 1er Ministre britannique : David Cameron en tête, soutenu par un euroscepticisme au sein de certaines populations, lui-même entretenu par ces mêmes partis au pouvoir, bloque toute initiative politique de sortie de crise par le haut, en Europe, au risque de plonger tous les pays de l’Union, y compris le leur, dans une crise encore plus profonde.

Désormais, José Manuel Barroso : Président de la Commission européenne, Herman Van Rompuy : Président du Conseil européen, Angela Merkel : la Chancelière allemande, François Hollande, le Président français et d’autres chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que de nombreux hommes politiques européens admettent qu’il faut avancer avec ceux qui le souhaitent, comme lorsqu’en 1951, seuls 5 Etats avaient répondu positivement à l’appel de Robert Schuman pour fonder la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA). En n’oubliant pas qu’à cette époque les réfractaires avaient ensuite suivi…

Ainsi, l’Union de demain sera très probablement constituée d’un cœur très fortement intégré politiquement, économiquement, fiscalement et socialement et d’un deuxième cercle plus large, constituant un simple marché commun.

 

Roccu GAROBY

Publié dans Auropa

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