Les chefs d’Etat imposent l’austérité à toute l’Europe !
Lors du Conseil européen des 7 et 8 février dernier, et après un premier échec en novembre, les 27 chefs d’Etat et de gouvernement et leur Président, Herman Van Rompuy, ont trouvé un accord politique sur l’avenir du budget européen (2014-2020) qui met gravement en danger l’avenir de l’Union.
Le plus grand plan d’austérité d’Europe !
Adeptes de l’austérité chez eux, avec les résultats contestables et contestés que l’on connaît, les chefs d’Etats et de gouvernement conservateurs, David Cameron, le Britannique, en tête, très largement soutenu par ses homologues suédois, finlandais, hollandais mais aussi allemand, ont imposé une cure d’austérité sans précédent au budget européen. Pour la toute première fois de l’histoire de l’Union européenne, le budget européen va être réduit ! Et quelle réduction !
Au niveau actuel (150 milliards en 2013), le budget européen (2014-2020) a besoin d’environ 1050 milliards d’euros pour être maintenu au même niveau (ce qui correspond à un gel). Or, le Conseil européen s’est mis d’accord à une hauteur de 960 milliards !
En acceptant une coupe de près de 90 milliards d’euros sur 7 ans, le Conseil européen a validé un plan de rigueur sans équivalent, qui représente une baisse de plus de 8% sur 7 ans ! Pire, de 2013 à 2014 le budget européen sera réduit de plus de 13 milliards d’euros, soit une coupe sombre d’environ 10% de son montant.
Pour vous donnez un ordre de grandeur, c’est comme si la CTC, du jour au lendemain, supprimait la continuité territoriale maritime Corse-Marseille sans aucune compensation ni pour les Corses ni pour les compagnies maritimes ! Une crise politique majeure s’ouvrirait à la seconde même où cette décision serait prise ! Un autre exemple ? Imaginez l’Etat français fermant le Ministère de la défense et licenciant tous ses militaires ! Inimaginable ! Impensable ! Et pourtant nous en sommes là !
‘‘I want my money back’’
Sur des airs faux et populistes de ‘‘Si on coupe dans les budgets nationaux, alors on doit aussi couper dans le budget européen !’’, les chefs d’Etat et de gouvernement ont surtout entonné en chœur, 2 jours durant, le célèbre : ‘‘I want my money back’’ de Mme Tchatcher. Durant plus de 24 heures de débat, il n’y a eu aucun échange politique sur la valeur ajoutée de l’Europe, sur le projet européen, sur l’avenir de l’Union, sur ce qu’il convenait de continuer à financer ensemble et de quelle manière. Seul ‘‘le cliquetis des calculettes’’ a fonctionné et malheureusement, il a eu raison du débat politique.
On n’a pas parlé d’agriculture, on a calculé combien les gros céréaliers de la Beauce et la Reine d’Angleterre allaient pouvoir continuer à recevoir, on n’a pas parlé de cohésion territoriale, on a calculé combien la Pologne et les pays de l’est allaient garder, on n’a pas parlé de recherche, d’innovation, de jeunesse ou d’infrastructure d’interconnexion européenne puisque, par définition, cela n’intéresse pas les chefs d’Etat et de gouvernement. Cet accord est tout simplement budgétairement inacceptable, économiquement suicidaire et politiquement détestable.
Le Parlement : dernier rempart ?
En réalité, l’accord trouvé n’est que ‘‘politique’’ et ne peut rentrer en force qu’avec l’accord la majorité absolue des députés européens. Autrement dit, il faut que 378 députés sur les 754 s’expriment en faveur de cet accord et ce, quelque soit le nombre de députés présents le jour du vote!
Au lendemain de cet accord politique, les Présidents des 4 plus grands groupes du Parlement (PPE-S&D-ALDE-Verts-ALE) regroupant 80% des députés, ont annoncé qu’ils refuseraient l’accord qui condamnait l’Europe à 7 ans d’austérité et qui empêchait tout débat démocratique lors des prochaines élections européennes prévues en mai 2014 car, quel que soit le choix politique des électeurs européens pour la prochaine mandature (2014-2019), cet accord leur sera rendu contraignant et non renégociable.
Alors, Messieurs les députés européens, il n’y a plus que vous pour refuser l’austérité généralisée, négociée dans l’ombre par les chefs d’Etats et de gouvernement, pour défendre le projet européen aux yeux de tous et rendre le pouvoir aux citoyens européens afin qu’ils aient le droit, l’an prochain, à une véritable campagne électorale, un vrai débat démocratique et un réel choix politique.
Roccu GAROBY