Good bye London, Welcome Edinburgh!
En lançant son idée de referendum, David Cameron, le Premier Ministre britannique a entrouvert la porte de sortie de l’Union européenne au moment même où l’Ecosse demande, elle, à l’ouvrir pour y entrer.
Les risques de chantage
Dans un speech, plusieurs fois repoussé mais néanmoins très attendu par les Britanniques comme par les Européens, David Cameron a annoncé que d’ici fin 2017, et à condition que son gouvernement conservateur gagne les élections législatives de 2015, les Britanniques auraient à s’exprimer sur leur maintien ou sortie de l’Union européenne et, sur les termes d’une nouvelle relation que David Cameron souhaite négocier, seul, avec les 26 autres Etats membres.
C’est un véritable chantage que Londres s’apprête à faire peser sur ses 26 partenaires -et bientôt 27 avec la Croatie ! En effet, la crise de la zone euro démontre une carence criante et prévisible d’intégration politique, démocratique, budgétaire, fiscale et réglementaire que seule, une modification des traités actuels peut résoudre. Modification qui nécessite l’unanimité des Etats et donc la signature du Royaume-Uni! Or, Londres qui ne souhaite pas s’intégrer plus, ce qui peut être légitime, souhaite profiter de l’impérieuse nécessité des autres d’avoir son accord pour modifier les traités et imposer une révision à son seul profit. Autrement dit, alors que les 17 Etats de la zone euro, au bord du gouffre, et miraculeusement encore en vie, doivent très prochainement changer les règles du jeu, Londres compte jouer de son véto pour leur autoriser une intégration nécessaire, dont elle ne prendra pas sa part, à condition que l’UE lui accorde des exemptions multiples et variées aux seuls intérêts londoniens. Inacceptable chantage qui pourrait durer 5 ans !
Le droit de sortir de l’UE
Il n’est pas ici question d’interdire au Royaume-Uni d’avoir le droit de sortir de l’UE, s’il le souhaite, comme l’autorise le traité de Lisbonne. En effet, l’article 50, nouvel article du traité européen, autorise un Etat à sortir de l’UE mais n’autorise pas pour autant ce dernier à faire du chantage aux autres qui essayent de trouver, dans le même temps, des solutions structurelles à leurs propres problèmes. L’idée de referendum de Cameron, et surtout le calendrier, risquent de mener l’Union tout entière, Royaume-Uni inclus, au suicide collectif.
Edinbourg à la place de Londres ?
La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne pourrait néanmoins faire une heureuse : l’Ecosse. En effet, le Scottish National Party (SNP), le Parti Nationaliste Ecossais, membre de l’Alliance Libre Européenne, dont le PNC est aussi membre, double vainqueur des élections écossaises (2007, 2011) a prévu d’organiser un référendum en 2014 sur l’indépendance de l’Ecosse. Il deviendrait ainsi un Etat indépendant au sein de l’Union européenne. Or, si le Royaume-Uni peut bloquer ou vouloir bloquer l’adhésion du nouvel Etat membre écossais, contre la volonté populaire et démocratique des Ecossais, elle ne pourra rien dire si, en même temps qu’Edinbourg tape à la porte de Bruxelles, Londres est sur le pas de la porte, quittant l’Union.
Le peuple écossais, à l’instar du peuple gallois, est historiquement plus européen et plus progressiste que le peuple anglais, et il aura en 2014 son destin entre les mains. Il aura le choix : ou demeurer au sein d’un Etat qui le reconnaît certes comme nation –le Royaume-Uni est composé de 4 nations : Ecosse, Angleterre, Irlande, Pays de Galles- mais ne le défend pas en tant que tel à Bruxelles, ou devenir un Etat indépendant au sein d’une Union européenne plus large mais peut-être sans les Britanniques.
Ce cas fera assurément jurisprudence en Europe, à l’heure où d’autres peuples, comme les Catalans, les Flamands ou les Basques, pour ne citer qu’eux, demandent aussi à être reconnus au sein de l’Union européenne. Les bases de l’Europe des peuples passent par là. Alors, Good bye London et Welcome Edinbourg ?
Roccu GAROBY