Pacte d’austérité ou pacte de croissance ?

Publié le par PNC Ghjuventù

La campagne présidentielle, dont le dernier chapitre s’écrira au soir du 6 mai à 20h, au moment où l’on verra le visage du prochain Président de la République, aura un impact non négligeable sur la scène politique européenne.

 

Le couple Merkozy…

sarkozy-merkel-mars08aA l’automne dernier, l’Europe a joué à la roulette russe alors qu’elle était au bord du précipice. Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, qui ne cesse de courir après son homologue allemande, en ont profité pour tordre des bras et convaincre les autres pays, tous rangés de fait au rang des ‘‘petits pays’’, en expliquant que c’était leur solution ’’austéritaire ‘’ou le chaos. En réalité, ce couple Merkozy est né d’un double besoin du Président français de ne pas être relégué au rang de ‘‘petit’’ en Europe, Europe qu’il n’a cessé de mépriser et de paraître comme faisant partie de ceux qui sont les meneurs sur la scène continentale et d’un double besoin de la chancelière allemande qui a dû stabiliser sa coalition gouvernementale en rassurant les libéraux qui n’ont de cesse de vouloir supprimer tous les mécanismes de solidarité européenne sans penser que ce sont eux qui permettent à l’industrie allemande d’être exportatrice dans le reste du continent et de rassurer l’électorat allemand apeuré par le risque que l’Allemagne se transforme en financier de l’Union.

De plus, le couple Merkozy a entériné une construction de l’Europe des Etats. Cette vision intergouvernementale de l’Europe a considérablement affaibli la démocratie en reléguant la Commission européenne au rang de secrétaire général des Etats et en écartant le Parlement européen et les parlements nationaux du processus décisionnel.

 

Le traité ’’austéritaire’’

Le couple Merkozy a débouché sur un traité austéritaire[1] aussi connu sous le nom de pacte budgétaire, signé le 2 mars dernier par 25 des 27[2] chefs d’Etat et de gouvernement qui impose une austérité généralisée en Europe. En réalité, ce traité que le Parlement européen a qualifié d’inutile, lors d’une résolution votée à une très large majorité,  puisque les traités et les règles européens déjà existants –notamment le Pacte de stabilité et de croissance- limitent déjà l’endettement public des Etats, a été imposé par l’Allemagne comme la condition sine qua non pour qu’elle continue d’accepter la solidarité en Europe et accepté par Sarkozy comme gage donné à Mme Merkel.

Or, aujourd’hui, même les faucons, les économistes les plus libéraux et farouches défenseurs de l’austérité à tout va, reconnaissent que l’austérité seule ne pourra régler les problèmes structurels de l’Europe et qu’en l’absence de croissance, les déficits budgétaires et les dettes publiques qui devront être de toute façon réduits ne pourront jamais être remboursés.

Continuer avec l’austérité comme seul avenir condamnerait tôt ou tard les Européens à vivre peu ou prou ce que les Grecs, les Portugais, les Irlandais et les Espagnols vivent aujourd’hui.

 

Le pacte de croissance

union europeenne imageLe candidat socialiste a proposé pendant sa campagne qu’il y ait en Europe, à côté d’une rigueur budgétaire dont on ne peut faire l’impasse, un pacte de croissance qui garantisse aux citoyens européens un autre avenir que l’austérité, les coupes sombres et le chômage. Le candidat Hollande, s’il est élu, souhaite envoyer à ces homologues européens un momeremdum qui permette de lancer des pistes pour retrouver la croissance en Europe et qui pourrait passer par la création d’une taxe sur les transactions financières, une mutualisation des dettes européennes, des project bonds et/ou l’augmentation du budget européen.

Toutes ces propositions sont sur la table des négociations, et le Parlement européen mais aussi nombre de ‘‘petits Etats’’ les soutiennent. Même l’Allemagne, au cas où le candidat socialiste gagnerait la présidentielle et s’il s’engage sérieusement à tenir ses comptes publics, pourrait accepter d’ouvrir une discussion sur un pacte de croissance en Europe.

Les vents sont en train de tourner, les faucons eux-mêmes révisent leur théorie, l’austérité, modérée en rigueur budgétaire, pourrait être contrebalancée par une perspective plus positive qu’est la croissance.

La France connaîtra son prochain président le 6 mai à 20h, mais l’Europe a déjà besoin d’une autre direction politique en revenant à la méthode communautaire et économique, en mettant l’accent sur le développement durable et l’emploi.

 

Roccu GAROBY



[1]Dont le vrai nom est le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance

[2]Seuls le Royaume-Uni et la République tchèque ont refusé de participer aux travaux

Publié dans Ecunumia

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