Le Royaume-Uni et l’Europe

Publié le par PNC Ghjuventù

Après les sommets de la dernière chance de ces dernières semaines qui ont mis à jour le fossé culturel et politique qu’il y a entre les États membres de l’Union européenne, un petit tour d’horizon européen s’impose pour comprendre comment nos voisins voient et vivent l’Europe.

 

‘‘The Balance of Power’’

Le Royaume-Uni est un archipel composé principalement d’une grande île située à quelques kilomètres seulement du continent européen. Pourtant, il nous semble si loin de l’Europe, parfois. En réalité, le Royaume aux quatre nations a toujours été une puissance européenne, mais si on devait résumer la politique étrangère et européenne britannique des quatre derniers siècles, elle se résumerait en cette expression anglaise ‘‘The Balance of Power’’, ‘‘l’équilibre du pouvoir’’. Les gouvernements de Londres ont toujours eu une approche très pragmatique de la politique. Le Royaume-Uni est un petit pays, longtemps resté peu peuplé ; il ne peut donc résister militairement à une invasion ou à une domination continentale. Dès lors, pour conserver sa souveraineté et son indépendance, Londres a toujours essayé de soutenir les puissances continentales faibles face à celles qui essayaient de dominer l’Europe. Londres ne s’est-elle pas opposée à la domination française sous Louis XIV et Napoléon, n’a-t-elle pas combattu contre les empires centraux (Allemagne et Autriche-Hongrie) en 14-18 et contre le monstre nazi en 39-45? Encore aujourd’hui, n’essaie-t-elle pas de casser le lien franco-allemand, cœur historique de la construction européenne ?

 

Une puissance commerciale

On ne peut comprendre le positionnement politique de Londres en Europe si on n’intègre pas le fait que le Royaume-Uni est d’abord une puissance commerciale. Tous les grands économistes qui ont fondé les grands principes économistes, de la fin du XVIIIème au milieu du XXème siècle, sont Britanniques ou ont écrit leurs thèses, en vivant sur la grande île. Le libéralisme, qui a sorti l’Europe du féodalisme et du mercantilisme et qui a régi l’économie tout au long du XVIIIème siècle, a été pensé par Adam Smith. Karl Marx, fondateur du socialisme comme réponse au libéralisme, a écrit depuis le Royaume-Uni, là où il voyait les ravages de la société industrielle. John Menard Keynes, qui a été le seul à comprendre et à proposer des solutions durables à la crise de 1929 qui ont servi de base au système économique mondial des 30 glorieuses, était lui aussi  Britannique.

De plus, le Royaume-Uni a toujours pris soin, lors des traités de paix, de ne pas rentrer dans des conflits territoriaux sur le continent. Afin de ne pas créer un sentiment de revanche chez le vaincu et de soigner une possible relation future avec l’Etat vaincu, Londres préfère des accords de paix qui se traduisent par un développement du commerce et donc de l’enrichissement mutuel plutôt que par un partage de terre conflictuel.

Une autre Europe

Au sortir de la guerre, Winston Churchill avait avancé l’idée que les Etats européens continentaux devaient de se rapprocher pour faire la paix, et que l’ensemble de l’Europe devait bâtir de nouvelles relations. En 1949, le Conseil de l’Europe a été créé. Cette institution intergouvernementale qui siège à Strasbourg est à l’origine de grands textes fondateurs sur les droits de l’Homme notamment, et héberge la Cour européenne des droits de l’Homme. Ensuite, le Royaume-Uni a créé son contre-projet européen. L’Association Européenne de Libre Echange (AELE) qui a été créée en 1960 entre les pays scandinaves, le Royaume-Uni, la Suisse, l’Autriche et le Portugal avait pour but d’établir une simple zone de libre échange, sans aucun pouvoir politique, à la différence de la Communauté Economique Européenne (CEE) créée 3 ans plus tôt. Mais, vu l’échec relatif de cette autre Europe face à la construction européenne, les Britanniques, très pragmatiques, ont compris qu’il valait mieux intégrer l’Europe des 6 et essayer de freiner le processus d’intégration, plutôt que de rester en dehors et à l’écart de celle-ci.

En 1986, les Britanniques, même dirigés par l’eurosceptique Margaret Tchatcher, acceptent le nouveau traité européen de l’Acte Unique, en lui donnant un accent très « British ». Ce traité a certes permis de relancer l’Europe communautaire, mais en la basant d’abord sur la construction d’un marché unique, sans pendant social ni environnemental. So British !

 

Roccu GAROBY

Publié dans Auropa

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