La France et l’Europe

Publié le par PNC Ghjuventù

Après les sommets de la dernière chance de ces dernières semaines qui ont mis à jour le fossé culturel et politique qu’il y a entre les États membres de l’Union européenne, un petit tour d’horizon européen s’impose pour comprendre comment nos voisins voient et vivent l’Europe.

 


Une France jacobine

Tout comme son homologue allemand, la France a une histoire très compliquée avec l’Europe. La France a toujours considéré, à tort, qu’elle avait une place particulière dans le monde et que cela lui octroyait un statut spécial. N’apprend-on pas que les Français sont tous des Gaulois qui ont lutté vaillamment contre Jules César et que la France descend de Charlemagne ? N’apprend-on pas que la France est la fille aînée de l’Eglise et qu’elle a inventé les droits de l’Homme et l’État-nation ? Toutes ces images collectives que partagent les Français sont trop souvent idéalisées. Elles sont parfois totalement fausses, souvent très exagérées. L’idée que la France, et donc les Français, ont une place particulière sur Terre et dans le concert des nations est en réalité entretenue dans ce mythe par tous les jacobins français de l’extrême droite à l’extrême gauche. 

Persuadé qu’elle détient la vérité et que les valeurs de la ‘‘République’’ sont les bonnes partout et pour tous, Paris n’a jamais eu l’habitude ni la patience de négocier et de discuter réellement. Son système politique l’en empêche. Son centralisme cannibalise toute autonomie de parole, de pensée et d’action. Toute tentative d’y échapper est jugée suspecte. Son jacobinisme lui interdit aussi de penser toute alternative qui serait aussitôt vue comme une trahison à la patrie. L’absence de système proportionnel cloisonne fortement la politique française dans laquelle chacun fait forcément partie d’un bord ou d’un autre. On est pour ou contre, il n’y a pas de place pour autre chose.

 


Une Europe française 

La France a toujours rêvé d’une Europe française, que cela passe par les armes ou par la diplomatie. Les guerres napoléoniennes ont été une façon d’unir et de construire l’Europe afin de répandre l’idée révolutionnaire française. En 1919, Clémenceau a redessiné l’Europe à son image, après le 1er conflit mondial au détriment de la volonté des peuples. Puis l’exemple de la crise et de la chaise vide en 1965-1966, qui s’est traduit par le refus de De Gaulle d’envoyer ses ministres siéger au Conseil à Bruxelles par peur qu’ils ne se retrouvent en minorité, a démontré que la diplomatie gaulliste acceptait les compromis, pour peu que ces derniers soient sur les positions françaises. De plus, de Gaulle a essayé de faire une Europe à la française en refusant à 2 reprise l’élargissement de l’Europe dans les années 1960 afin de renforcer ses positions avant l’arrivée des autres pays et notamment le Royaume-Uni.

En réalité, en France, on ne parle pas de l’intérêt général mais de l’intérêt de la ‘‘République’’, mot-valise qui comporte tout et n’importe quoi. Les discussions et les commentaires médiatiques portent plus sur le fait que la France a gagné ou perdu dans tel ou tel accord ou débat que sur le fait qu’elle a signé un accord globalement positif ou négatif pour toutes les parties prenantes présentes autour de la table.

 


L’impossible réforme

Alors que les précédents exemples démontrent à quel point la France ne conçoit pas autre chose que ce qu’elle est depuis 2 siècles, cela ne cache pas pour autant qu’elle ait, sous de nombreux aspects, des potentialités énormes et parce que sa voix porte, à défaut de s’imposer.

L’Europe ne sera jamais française mais la France doit être européenne, c'est-à-dire qu’elle doit accepter sa diversité comme l’Europe le fait à travers sa devise, ‘‘Unis dans la diversité’’. Elle doit, comme elle a su le faire entre le milieu des années 1980 et la fin des années 1990 quand Jacques Delors présidait la Commission Européenne, accepter les règles du jeu européen qui sont la discussion, la négociation et le compromis. Et enfin, elle doit admettre les réalités politiques et structurelles de son temps qui passent par un transfert de souveraineté assumé, au niveau supérieur, par un fédéralisme européen, autant qu’au niveau inférieur, par une autonomie régionale.


Cette impossible réforme ne semble pas être à l’ordre du jour des dirigeants français, qu’ils se nomment Sarkozy ou Hollande. Ne leur déplaisent, le fédéralisme européen et l’autonomie régionale sont les seules voies politiques qui permettront à ces derniers d’avoir encore demain les moyens d’une certaine idée de la France.

 

 

Roccu GAROBY

Publié dans Auropa

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