L’Italie et l’Europe

Publié le par PNC Ghjuventù

Après les sommets de la dernière chance de ces dernières semaines qui ont mis à jour le fossé culturel et politique qu’il y a entre les États membres de l’Union européenne, un petit tour d’horizon européen s’impose pour comprendre comment nos voisins voient et vivent l’Europe.


Berceau de l’Europe

collisee.jpgDans sa forme moderne, l’Italie n’existe que depuis 1861, et son unité ne s’est achevée qu’en 1870 avec l’annexion de Rome prise au Pape. Malgré sa jeunesse, l’Italie, dont l’histoire remonte à la Rome antique, est un grand pays européen qui a toujours eu un rôle central dans l’histoire du continent, bien qu’on parle plus souvent du rôle et de la place de la France ou de l’Allemagne. L’Italie n’a-t-elle pas fait partie de la ‘‘triplice’’ avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie avant de changer d’alliance et faire basculer la ‘‘guerre civile européenne’’ (1914-1918) avec la France et le Royaume-Uni ? L’Italie mussolinienne n’a-t-elle pas fait alliance avec l’Allemagne hitlérienne avant de revenir dans le camp des démocraties résistantes, une fois le régime fasciste renversé ? Rome n’est-elle pas le berceau de la démocratie chrétienne européenne et l’une des six capitales qui a initié la construction européenne avec Amsterdam, Berlin, Bruxelles, Luxembourg et Paris ? Nul ne peut nier la place centrale de l’Italie dans l’Histoire européenne.  Pourtant, Rome n’a jamais eu la place qui aurait dû être la sienne.

 

Le poids de l’Eglise 

pape-berlusconi.jpgLe Vatican est encore aujourd’hui le cœur de la vie politique italienne. Aucun homme politique italien de premier plan ne peut prendre le risque de se mettre l’Eglise à dos dans son pays, même quand celui-ci se dit laïc. Les frasques de Berlusconi, qui ont quelque peu échauffé les esprits de la curie romaine ces dernières années, en sont le plus bel exemple. A contrario, les luttes de pouvoir au sein de l’Eglise catholique ont de nombreuses répercussions dans la vie politique italienne de tous les jours. De plus, il serait faux de croire que les chrétiens sont tous de droite, en Italie. En effet, le courant catholique de gauche, sensible au message social de l’Evangile, a toujours été très fort en Italie, les ‘‘catho-communistes’’, comme on les appelle,  pèsent presque autant que les catholiques de droite, même si leur poids tend à diminuer avec le temps. Cependant, même laïque, la gauche demeure fortement imprégnée de la culture religieuse et du poids de l’Eglise. Néanmoins, il serait faux de résumer l’absence de poids de l’Italie dans le jeu européen par l’intime relation qui existe entre l’Etat italien et le Saint siège.

 

Un Etat ‘‘inachevé’’

En réalité, la faiblesse de l’Italie sur la scène européenne est probablement due à sa propre structure. L’Italie est un Etat jeune, qui demeure ‘‘inachevé’’ au sens du Risorgimento. En effet, Garibaldi: l’un des Pères de l’unification italienne, souhaitait créer l’Italie en fusionnant les anciens royaumes péninsulaires et en reconquérant la Corse. Un siècle et demi plus tard, l’Italie n’est toujours pas unifiée politiquement. italie.jpgLes dissensions entre le nord industriel riche et le sud agricole pauvre, les cancers que sont les mafias italiennes et la volonté autonomiste et/ou indépendantiste des peuples de la péninsule, qu’ils soient valdotain, sud tyrolien ou sarde, n’ont jamais permis à l’Italie d’avoir un pouvoir central fort. Si ce dernier point semble être positif pour les mouvements régionalistes et nationalistes en Italie, en réalité, l’inachèvement de l’Etat italien a toujours fait le lit des populistes, des eurosceptiques et des systèmes mafieux, quand ce n’était pas les trois en même temps.

Les faiblesses internes de l’Italie ont toujours empêché ce pays d’évoluer et de prendre la place qui devrait être la sienne sur la scène européenne. Encore aujourd’hui, les Italiens n’ont pas su démocratiquement régler leurs problèmes par eux-mêmes et ce sont les marchés financiers qui ont eu la peau du Cavaliere. Au-delà de la question démocratique qui se pose dans un pareil cas, on peut se demander si les Italiens sauront saisir ‘‘la chance’’ qui leur est offerte.

 

 

 

Enfin, on est aussi en droit de se demander si, nous-mêmes, en Corse, nous pourrions nous en sortir seuls. De ce point de vue, Garibaldi avait raison : nous sommes plus proches de nos amis italiens qu’il n’y paraît. Sauf qu’en Corse, la mafia, la droite parisienne et la gauche claniste ne partiront pas sous la pression des bombes ou des marchés financiers, mais sous l’unique pouvoir que les Corses ont pour cela : leur bulletin de vote !

 

Roccu GAROBY

Publié dans Auropa

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