''Scotland's future in Scotland's hands''

Publié le par PNC Ghjuventù

Le 18 septembre prochain aura lieu en Écosse un référendum tout aussi attendu par tout un peuple qu'historique pour l'avenir des peuples en lutte en Europe et dans le monde. Le pari risqué, diront certains, ou plutôt la conviction profonde et chevillée au corps du leader des nationalistes, le 1er ministre écossais, Alex Salmond, de mener à bien le combat de toute une vie, le combat de toute une génération, est sur le point de se réaliser.

 

  

Une histoire de référendum

scotland-s-future.jpgEn 1707, quand les Royaumes d'Écosse et d'Angleterre, qui comportent le Pays de Galles, s'unissent les Anglais refusent catégoriquement que l'Écosse conserve son Parlement, son pouvoir législatif et fiscal et ils centralisent tout à Westminster : le siège du Parlement britannique. S'en suit une longue bataille du peuple écossais pour retrouver sa dignité, son honneur, sa démocratie, sa souveraineté.

 

En réalité, malgré quelques tentatives de ''devolution'', (décentralisation en anglais), au début du XXème siècle,  il faut attendre la fin des années 70 pour voir véritablement une possibilité d'évolution institutionnelle en Écosse. Le 1er mars 1979 a alors lieu un référendum, imposé par la poussée nationaliste en Écosse qui réclame que cette dernière retrouve son Parlement.

 

Le ''YES'', (le oui écossais) l'emporte (par 52% pour et 48% contre) mais le statut n'est pas mis en place car ce ''YES'', bien que victorieux, ne passe pas la barrière imposée par Londres : il ne représente pas 40% des Écossais mais ''seulement'' 32,8% : il est donc considéré comme nul!

 

Il faut attendre en fait la ''devolution" de la fin des années 90 –et encore un référendum en date du 11 septembre 1997- pour voir enfin l'Écosse retrouver son Parlement mais toujours sous la tutelle de Londres.

 

  

Une victoire dans les urnes

02016794-photo-drapeau-ue-union-europeenneEn mai 2007, le Scottish National Party (SNP) qui a promis un référendum sur l'indépendance de l'Écosse s'il gagnait les élections, remporte celles-ci sur le fil du rasoir avec 47 sièges (37% des voix) devançant d'un cheveu le Labour (parti travailliste) préalablement au pouvoir qui, avec 36% des voix, n'obtient que 46 sièges à Holyrood, le Parlement écossais.

 

Mais la loi ouvrant la possibilité d'avoir un référendum sur l'indépendance de l'Écosse, est rejetée par la droite ultra-britannique (les Tories), les libéraux et la gauche (les travaillistes), du fait que le SNP n'a pas de majorité au Parlement.

 

Peu importe, en 2011, lors de nouvelles élections écossaises, et alors que le système électoral écossais, alliant élection uninominale par circonscription et vote à la proportionnelle compensatoire pour donner à tous les partis la possibilité d’être représentés au Parlement, et créé afin qu'aucun parti ne puisse avoir la majorité absolue à lui seul, le SNP décroche la majorité absolue avec 68 sièges sur 128.

 

Cette fois-ci, et alors que presque tous les gouvernements en Europe sont balayés par la crise économique, le SNP décroche une victoire démocratique historique et peut proposer au peuple écossais un référendum sur la question de l’indépendance de l’Écosse, ''Le futur de l'Écosse [est] dans les mains de l'Écosse''.

 

 

Une victoire qui se dessine

YesScotlandLogo.pngLe 15 octobre 2012, le Premier Ministre écossais, Alex Salmond, et son homologue britannique, David Cameron, signent l'accord qui reconnaît le referendum en Écosse. Il y aura une seule question: ''l'Écosse doit-elle être un État indépendant?'' et les jeunes de 16 ans et plus pourront voter. Les premiers sondages donnent la victoire au ''No'', la moitié des Écossais s'exprimant contre l'indépendance, quand un tiers y est favorable, le reste ne donnant pas d'indication de vote, soit un rapport de 60% contre et 40% pour.

 

 

Mais, au fur et à mesure d'une campagne ultra-positive, (le mot d'ordre est ''Forward'', ''en avant'' en anglais)  tournée résolument vers l'avenir, quel sera le meilleur choix pour les générations futures ? Basée sur une expertise légale et technique quasi parfaite, la campagne de propagande est accompagnée d’un document de près de 670 pages, (et 650 questions !), document publié par le gouvernement pour répondre à l'ensemble des questions que se posent les Écossais, avec un formidable leadership, accompagné d'un sens unique de la pédagogie du Premier Ministre et de son gouvernement.

 

Pour argumenter contre la peur distillée par le gouvernement londonien et par les partis traditionnels écossais de droite comme de gauche, le SNP répond simplement par trois arguments de poids.

 

D'une part, l'Écosse est compétente sur la politique universitaire et la santé : or, les frais d'inscription sont gratuits en Écosse alors qu'ils sont payants en Angleterre, ils viennent d’ailleurs de tripler sous le gouvernement conservateur passant de 3 000 à 9 000 £/an (soit environ 11 000€/an!) et des coupes sombres sont faites dans la sécurité sociale britannique, alors que l'Écosse s'en est préservé pour protéger les plus fragiles.

 

D'autre part, le peuple écossais, pro-européen, à la différence des Anglais, très eurosceptiques, souhaite éviter l'absurde situation du référendum, prévu par Londres à l'horizon 2017, dans tout le Royaume-Uni et qui pourrait aboutir à la sortie de l'Union Européenne de l'Écosse contre son gré, à cause d'une décision prise principalement par les Anglais!

 

scotland1-450x337Enfin, l'indépendance de l'Écosse ne signifie pas la construction d'un mur entre l'Écosse et l'Angleterre, le mur d'Hadrien étant toujours partiellement debout depuis près de 2000 ans, par ailleurs ! Alex Salmond l'a clairement dit le 22 avril dernier, alors qu'il était en visite en Angleterre, ''Nous serons toujours des amis''. Et l'Écosse et l'Angleterre continueront d'avoir le même chef d'État : la Reine d'Angleterre, qui est aussi le chef d'État du Canada, de l'Australie et de plus d'une douzaine d'autres pays du Commonwealth : cendres de l'Empire britannique. L’Écosse conservera la même monnaie : la livre sterling, les Écossais auront accès à la plus part des mêmes programmes de télévision. L’Écosse et l’Angleterre traiteront à égalité, d'État à État au sein de l'Union européenne. Mais pour cela, c'est aux Écossais de choisir s'ils veulent être gouvernés par Londres, sans pouvoir peser sur les décisions prises là-bas, ou s'ils veulent avoir leur futur entre les mains.

 

Les derniers sondages montrent que le ''YES'' progresse à 48% et que le ''No'' s'affaisse à 52%, donnant le plus petit écart jamais mesuré. Les indécis seront la clé du scrutin et ils sont à convaincre. Mais ils pensent de plus en plus que leur avenir sera meilleur s'ils contrôlent directement leur gouvernement à Holyrood en votant ''Yes'' que s'ils le laissent à Westminster en votant ''No''. Eux aussi veulent aller de l'avant et veulent avoir ''leur futur entre les mains''. Le 18 septembre prochain, ils auront l'occasion de le faire savoir dans l'urne, par un vote qui intéressera bien au-delà du mur d'Hadrien et de la Manche, à coup sûr. !

 

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Roccu GAROBY

Président des Jeunes de l'Alliance Libre Européenne


[1] Le futur de l'Écosse dans les mains de l'Écosse

 

Publié dans Auropa

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